mardi 29 septembre 2009

Exchange Rate Instability – 1ere Partie












C'est un livre de Paul Krugman parut en 1989. Je l'ai trouvé extrêmement intéressant et j'ai décidé d'écrire plusieurs billets dessus.

Je vais essayer de résumer les idées que Krugman présente sur le sujet. Si vous voulez les idées en détail, aller lire le livre bien sûr.

Krugman donne une série de trois conférences sur la volatilité des taux de change observés durant la décennie 1980. Dans ce premier billet, nous allons tenter de regarder ce qui a été dit lors de la première conférence.


Krugman y démontre d'abord deux choses :

- les habitants d'un pays consomment beaucoup plus des biens produits dans leur propre pays que des biens importés. Cette affirmation va presque de soi et Krugman prend des chiffres des États-Unis pour illustrer son propos
- le coût du travail et les prix des biens sont rigides dans la monnaie du pays concerné.

Ce deuxième point mérite plus d'attention que le premier. Cela est du à des imperfections du marché. Les entreprises fixent les prix dans la monnaie domestique car le pouvoir d'achat dans cette monnaie est bien plus prévisible pour les habitants d'un pays que le pouvoir d'achat exprimé dans une monnaie étrangère. De plus, elles le fixent pour une durée plutôt longue ce qui fait que les prix restent fixes dans cette monnaie.

A partir de ces affirmations, Krugman en déduit qu'il vaut mieux avoir un ajustement de déficit de la balance commerciale en ajustant le taux de change réel.

Il contredit des économistes comme McKinnon et Mundell ont exprimé une autre opinion. Le déficit de la balance commerciale et le déficit entre épargne et investissement sont appelés déficits jumeaux: le premier résultat du second (il suffit de réécrire l'équation fondamentale de la macroéconomie pour arriver à cela : Y = C + I + G + EX – IM). Donc selon eux, le déficit de la balance commerciale n'ayant rien à voir avec le taux de change, il ne faut donc pas la rééquilibrer avec une dévaluation.

Krugman va s'opposer à leur vision des choses. Krugman prend l'exemple que si les US, en déficit commercial, baissaient leur dépense de 100 millions de $ (réduisant les importations) et le reste du monde les augmente de 100millions (augmentant les exportations américaines), du fait de la proportion beaucoup plus grande des gens à consommer des biens produits dans leur propre pays, cela ne sera pas suffisant pour rééquilibrer le déficit commercial. Pour cela, selon Krugman, il faut impérativement que les biens américains deviennent moins cher par rapport aux biens étrangers. Le seul moyen d'arriver à ce résultat est d'avoir une dépréciation du taux de change réel.

Je suis conscient que cette démonstration est un peu succinte. En annexe, Krugman expose le modèle mathématique permettant d'arriver à cette conclusion. Je vais essayer de le présenter dans un prochain billet.

mercredi 23 septembre 2009

Prophéties auto réalisatrices

Vous l'avez surement entendu parler avant les élections. Retour en 2007 : certaines personnes proclament que la France est sur le point de faire faillite, qu'elle est dans un État catastrophique. Je vais donner plusieurs exemples. Il y a ce livre qui est paru, puis il y a aussi le fameux “je suis à la tête d'un état en faillite” de Fillon. Je ne vais pas revenir sur le fait que ces propos sont faux, d'autres blogs s'en sont déjà chargés. Non je voulais parler des conséquences que peuvent avoir de tels propos.


Pour cela nous allons partir de ce chat sur lemonde.fr avec Jean-Paul Fitoussi. Un internaute pose la question suivante “Dans les milieux de la finance internationale, on parle d'un crash de la France vers 2009 à l'exemple de l'Argentine... Est-ce possible ?”

Jean-Paul Fitoussi répond bien évidemment que non ce n'est pas possible. Mais ce qui est intéressant ici c'est de noter que, si on suppose que l'internaute dit vrai, beaucoup de gens dans la finance pensent que la France est sur le point de subir un crash.

Les économistes de formation savent très bien que cela a son importance. Pour les autres, je vais tenter d'expliquer. Des personnes investissent dans un pays mais elles ne font pas cela par bonté d'âme mais bel et bien car elles espèrent en retirer du profit. Or si ces personnes pensent que le pays va affronter de grosses difficultés, elles peuvent très bien décider de stopper leurs investissements de façon brutale. Le fait que le pays soit sur le point, ou non, de sombrer, n'a pas d'importance ici. Ce qui est important, c'est ce que pensent les investisseurs. Un arrêt brutal des capitaux peut causer un certains nombre de dégâts : cela peut mener à une crise monétaire par exemple. Donc pour garder les investisseurs dans un pays, il faut que ces derniers aient confiance dans l'économie du pays. Donc le simple fait de croire que l'économie va connaitre des difficultés peut effectivement amener à des difficultés : on parle de prophéties auto réalisatrices.

A partir de là, on peut se poser une question : pourquoi donc certaines personnes ont décidé de propager de telles rumeurs ?

Si la finance internationale pensait que la France allait subir un crash, pourquoi personne n'a paniqué ? Les capitaux ont continué à rentrer en France à un bon rythme, même après le début de la crise des subprime.

J'avoue moi même ne pas avoir de réponses à ces questions mais je voulais faire réfléchir là dessus.

mercredi 16 septembre 2009

La Chine - 1ere Partie

Autour de moi, j'entends beaucoup de « fantasmes » sur l'émergence de la chine. Du genre « ohlala il y a toujours plein de délocalisations en chine, toute notre industrie va partir là bas... » etc. Je suis sur que vous aussi vous en entendez un certain nombre de ce style. Cela m'a donné l'idée d'éclaircir un peu les choses sur l'émergence de ce pays. Certains bloggers se sont déjà en partie prêter à cet exercice mais je voulais faire quelque chose de plus approfondie.

C'est donc une thématique en plusieurs parties que je vais faire (je n'ai pas encore décidé du nombre).

Le premier billet sera consacré à la croissance de la Chine. Depuis environ trois décennies la Chine a une forte croissance : environ +10% de PIB tous les ans. La première question qui vient à l'esprit c'est pourquoi la china a-t-elle une croissance si forte ? Pour cela il faut faire un peu d'histoire. Avant, l'État Chinois contrôlait absolument tout. Sous Mao, le pays était en situation de quasi-autarcie, et faisait peu d'échanges avec le reste du monde. Les choses ont commencé à changer à partir de 1978 : Den XaoPing a commencé par réformer en profondeur le pays. Les réformes ont extrêmement bien marché et le pays a commencé à avoir un très bon taux de croissance.

Une bonne partie de la croissance chinoise est du à l'amélioration de la technologie utilisée et de meilleurs investissements en infrastructure. De même la Chine possède une main d'œuvre abondante. Mais ces deux éléments ne semblent pas expliquer pourquoi la croissance de la Chine a été si forte.

Un boom de productivité a été observé après 1978. Avant cette date, beaucoup de chinois étaient agriculteurs (environ 4 sur 5). En 1978, les droits de propriété ont été étendus. Cela a incité un certain nombre de chinois a délaisser l'agriculture et à se porter vers des entreprises manufacturières à plus hautes valeurs ajoutées.

De plus, le gouvernement a donné plus de liberté aux managers en entreprise. Pour finir, la chine s'est ouverte et a commencé à accepter les investissements étrangers. La combinaison de ces éléments permettent d'expliquer la forte croissance chinoise.

On peut citer aussi que la forte croissance entraine elle même une forte croissance : c'est un cercle vertueux. En effet, un pays qui semble prospère attire plus les investisseurs. De plus, une meilleure croissance permet au gouvernement d'améliorer les services publics et en particulier d'accroitre la qualité de l'école et donc de l'éducation.

Aujourd'hui, le gouvernement intervient toujours dans l'économie chinoise. Et pour diverses raisons, ce dernier a une politique visant à avoir un très fort taux de croissance. Le gouvernement mise sur les exportations et les investissements pour maximiser cette croissance. Pour soutenir les exportations, le gouvernement a choisi de contrôler rigoureusement ses changes par rapport au dollar. Il se base aussi sur les migrations entre la campagne et la ville qui permet de maintenir des salaires pas trop élevés (et donc un coût du travail plus faible).

Il reste néanmoins un certain nombre d'obstacles que le gouvernement chinois devra surmonter :

- les infrastructures de transport, d'énergie, d'eau sont insuffisantes

- les banques sont en mauvaises situations: beaucoup de créances douteuses; de plus, elles semblent avoir du mal à analyser correctement les risques.

Enfin pour finir, la Chine doit maintenir des taux d'intérêt très bas de façon à maintenir son taux de change (pour savoir comment le taux de change dépend du taux d'intérêt, je recommande ce lien). Ce taux bas conduit à des risques ( mauvaise allocation de l'épargne par exemple) et pour palier à cela, le gouvernement intervient donc massivement dans l'économie.

Il y a deux facteurs déterminants pour la croissance à long terme : la qualité des institutions publiques et la qualité du secteur privé.

Aujourd'hui, la Chine a un secteur publique très avancé et qui semble relativement efficace. Mais elle a un secteur privé qui gagne à être améliorer. Mais il est plus difficile d'avoir un bon secteur publique qu'un secteur privé ( il faut juste libéraliser et “laisser faire”). On peut donc être confiant dans les capacités de la Chine de continuer d'avoir une bonne croissance.



Bibliographie :

La Chine – Les Cahiers, Le cercle des économistes – Sous la direction de Patrick Artus

China’s Growth and Integration into the World Economy – Edité par Eswar Prasad

The growth future, India and China – Arvind Subramanian

Why Is China Growing So Fast? - Zuliu Hu, Mohsin S. Khan

mardi 8 septembre 2009

Expatriés fiscaux - 1ere Partie

Suite à un post d'éconoclaste, il m'ait venue une idée : essayer de faire un modèle mettant en évidence les expatriations fiscales et leurs conséquences.

Il s'agit juste d'un essai qui pourra être compléter par la suite, s'il vous plait soyez indulgents. Et n'hésitez pas à laisser des commentaires pour critiquer ce modèle et faire des suggestions.

Établissons tout d'abord le cadre de départ : soit deux pays A et B. A possédant une fiscalité Ta plus légère que celle de B ( Tb).

Tout d'abord essayons d'établir les conditions pour lesquelles un individu donné (appelons-le Jean-Philippe S.) habitant en A va s'expatrier en B.

Supposons que les préférences vis a vis de la richesse sont modélisés par une fonction d'utilité u(w).
u est donc croissante, mais sa dérivée seconde est négative : autrement dit plus l'individu est riche plus il est satisfait, mais chaque revenu supplémentaire lui apporte moins de plaisir supplémentaire que le revenu précédent. Ce sont les propriétés usuelles des fonctions d'utilité de la théorie du consommateur.

Mais si on prend uniquement en compte cette fonction d'utilité, alors il serait logique d'observer que l'ensemble des individus s'expatrie en B, ce que nous n'observons pas dans la réalité.

Qu'est ce qui pousse un individu à rester dans un pays malgré une fiscalité plus lourde ?

Après réflexion, on peut dire que le fait de s'expatrier à un coût en terme de bien être. Ce coût peut varier suivant les situations :

On s'éloigne éventuellement d'un certain nombre de proches, d'une partie de sa famille; donc il est légitime de penser que le coût sera fonction de la distance entre A et B (que l'on va noter d).

On est amené à s'adapter au pays d'accueil : éventuellement apprendre une nouvelle langue, de nouvelles mœurs : donc le coût est fonction de différences culturelles. Ce coût est difficile à représenter mathématiquement. Notons les différences culturelles notées c.

Il y a aussi le fait de devoir éventuellement trouver un nouveau travail.Notons l'effort fourni pour trouver un nouveau travail w.

Enfin, il y a aussi un certain attachement au pays auquel on est actuellement : un sentiment patriotique, c'est peut être le pays où la personne est né et où y ont vécu une partie de ces ancêtres.

Il y a aussi des différences substantielles comme le niveau des services publiques des différents pays. On peut supposer que cela correspond au niveau des dépenses publiques. Cela entraine une perte sèche (parfois appelée aussi charge morte).

Notre coût devient donc :

Cout = alpha*d + bêta*c + gamma*w + delta*p + epsilon*g

où alpha,bêta,gamma,delta,epsilon sont des coefficients qu'il faudra estimer à l'aide de données empiriques.

Une fois prise en compte tous ces éléments, on comprend que la personne en arrivera à s'expatrier si et seulement si le bien-être retiré de la perte des impôts est supérieur aux coûts.

Pour prendre des exemples d'application, le cas de notre ami Jean-Philippe S. désirant s'expatrier en Suisse : la Suisse est relativement proche de la France, il y a peu de différences culturelles si on va en Suisse francophone. Ce dernier n'aura pas a chercher un nouveau travail, il pourra toujours exercer le même si il va s'exiler en Suisse. Quant aux différences des services publiques elles sont sûrement peu significatives.

Prenons d'autres exemples : celui de certains grands sportifs s'exilant à l'étranger. Il reste tous en Europe pour la plupart, ils pourront toujours exercer le même travail etc.

Nous voyons donc que notre modèle ne contredit pour le moment, pas trop la réalité ce qui nous donne bon espoir.


Une fois le modèle mis en place, nous pouvons essayer de déterminer deux choses :

Quel est l'impact exact d'une expatriation ?
Quel est la répartition optimale des individus entre les pays A et B ? On pourra réfléchir à plusieurs critères ( la justice sociale rawlésienne, maximiser l'investissement, maximiser le pib global des deux pays)

C'est ce que nous verrons dans un prochain billet ....

jeudi 3 septembre 2009

Aglietta sur la crise

Bonjour

En attendant le prochain billet ( qui devrait venir dans la semaine)

Voici des vidéos de Michel Aglietta sur la crise des subprime

Je les ai découvertes il y a peu et je les mets car je les ai pas beaucoup vues circuler sur les blogs écos